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  ©  Gilbert Garcin

Savoir que c'est là....

Adaptation de la pièce "Elle est là" de Nathalie Sarraute 

“Oh vous !

Vous êtes venu ici pour vous amuser, pour vous distraire, passer une « bonne soirée ». Oui, je m’excuse… comme distraction je reconnais qu’on peut faire mieux .

  Mais… juste une question. Vous voyez, je suis méfiant. Chat échaudé, n’est-ce pas ? Vous avez un air si … si comme il faut … si équilibré, qu’à vous voir on croirait… enfin on ne peut pas croire que vous … aussi… que vous puissiez être de ceux … comme moi… Mais que je suis bête… Si vous étiez ce que vous paraissez être à première vue, il est certain que vous vous seriez tenu bien coi, bien en sécurité ailleurs, dans l’ombre… pas fou… enfin pas au point de venir ici vous exposer… vous seriez avec les autres… ceux qui refusent, qui s’écartent… vous seriez peut-être même un de ceux qui partent, qui en ont vraiment assez. Mais vous, vous avez ce courage… Vous … dites-moi… tout bas, là, dans le creux de mon oreille… je n’en demande pas plus. 

Est ce que vous me comprenez…? Vous aussi, une idée enfouie chez n’importe qui… même parfois chez un enfant ?... oui, n’est-ce pas ? ça arrive à vous mettre dans des états… “

Alors que Fabrice s’entretient tranquillement avec le public, il interrompt brutalement la conversation. Un sentiment, ou plutôt un ressentiment, l’empêche de poursuivre toute activité. Son ami, Nicolas s’est tu tandis qu’il lui exposait une opinion pour lui pleine de bon sens. Une idée est là, dans la tête de Nicolas. Celle-ci va alors miner sa propre idée. Ce silence lui paraît inconcevable, injuste, inapproprié, égoïste.

Fabrice est il intolérant, victime d’une injustice, vengeur ou simplement attentif à ce qui se joue entre les êtres ? Quelle qu’en soit sa raison, sa réaction affective dirigée contre Nicolas va gagner en profondeur, le pénétrer peu à peu au cœur même de sa psyché. Il est pris au piège de cette idée dont il ne connait même pas la teneur. 

Dans ce pas de deux où l’idée est au centre d’une joute à la croisée des mots, de la musique et des corps, Fabrice saura t il se dépêtrer de ce traumatisme ou finira t-il par sombrer à force de vouloir comprendre et convaincre ?

Prévue initialement pour 4 acteurs, nous avons adapté cette pièce de Nathalie Sarraute dans une forme simple et singulière pouvant être jouée dans différents espaces atypiques. Deux artistes se préparent à jouer ? à répéter ? un spectacle ? une conférence ? devant un public restreint. Le dispositif scénique se compose d’une table sur laquelle sont posés un ordinateur et du matériel de sonorisation. A cette table  le musicien travaille en direct dos aux spectateurs. Le comédien, lui, s’entretient avec le public mais son discours va peu à peu se transformer en soliloque obsessionnel régulièrement interrompu par des interjections adressées directement au public devenu peu à peu “personnage” à part entière du spectacle. 

Plus qu’une mise en scène, c’est une mise en nous que tente d’opérer le spectacle. Avec une idée derrière la tête, le spectateur est invité à le vivre du dedans, à se regarder, torturé, envoûté et enragé par ce qui passe. Nathalie Sarraute s’est souvent exprimée sur son désir de faire passer au-dehors ce qui dans les romans ou dans les pièces reste de l’ordre du sous-texte. En écrivant sur ces petits riens qui font souvent écho à des choses plus profondes, elle perce l’écran de la parole, elle nous montre que ce qui grouille derrière les mots ressemble à une autre langue plus passionnelle, plus exacte, plus théâtrale. C’est cette parole « en travail » qui se déploie, se démène, s’expulse, s’invente au fil de leur conversation que nous avons envie de faire entendre ici. Cette parole, cette joute vocale que l’on écoute devient la nôtre. 

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Conception et  mise en scène : Fabrice Hervé et Nicolas Cloche 

Interprétation : Fabrice Hervé et Nicolas Cloche 

Création musicale: Nicolas Cloche 

Durée du spectacle : 50 minutes

Production : Compagnie tourner la page

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